L’architecture d’intérieur ne se limite pas à une histoire d’esthétique. Chaque choix, chaque matériau, chaque conception façonne notre quotidien et influe, parfois à notre insu, sur notre bien-être et notre environnement. Pendant longtemps, j’ai évolué dans l’univers du luxe, où l’excellence et la précision priment. Mais avec le temps, une question a commencé à me hanter : et si mon métier pouvait allier esthétique et responsabilité ?
C’est ainsi qu’a débuté une véritable transition, tant personnelle que professionnelle. De ma prise de conscience écologique à mon engagement à travers la formation de l’EDID, je partage ici mon parcours et les raisons qui m’ont menée à une approche plus responsable de l’architecture d’intérieur.
1. L'univers du luxe
Dès le début de mon cursus universitaire, le luxe m'a fascinée. Une visite du chantier naval Couach a été une révélation : je voulais me spécialiser dans la conception intérieure de yachts. Naturellement, j'ai intégré le master en architecture et scénographie du luxe à Nice, convaincue que la Côte d’Azur était l’endroit idéal pour m’immerger dans l’univers du yachting. J’étais attirée par ce marché de niche, où l’espace restreint impose une créativité poussée et un cahier des charges exigeant.
Mes études et mes expériences professionnelles m'ont permis d’explorer divers secteurs du luxe : concept stores, expositions temporaires, résidentiel haut de gamme en Afrique du Sud, et même la conception de palais pour des Émirats. Ces expériences m’ont forgée : dans ces univers, la rigueur, le sens du détail et la créativité sont essentiels.
Mon stage de fin d’études à Paris, dans une agence spécialisée en rénovation haut de gamme, a été déterminant. La rénovation est vite devenue une passion. J’aime déceler le potentiel d’un lieu et lui offrir une seconde vie.
Conception complète d'une résidence principale.
©Nolwenn Suils Porte
2. Transition vers une vie plus saine
Après mon diplôme, j’ai travaillé dans une agence spécialisée en agencement sur-mesure, ce qui m’a permis d’affiner mes compétences techniques. Comprendre le processus de fabrication est essentiel pour éviter de concevoir des projets irréalisables. Puis, fin 2019, après la fermeture de l’agence, j’ai lancé ma propre entreprise.
Début 2020, en pleine structuration de mon activité, le confinement a été une opportunité de réflexion et de développement. En parallèle, mon conjoint a fondé son entreprise de recyclage de plastique, Rehab, ce qui a bouleversé notre mode de consommation. Nous avons progressivement éliminé les emballages plastiques, adopté une alimentation plus responsable et repensé nos habitudes quotidiennes. Ce changement m'a ouvert les yeux sur l’impact de nos choix, tant personnels que professionnels.
Lectures qui m'ont passionnées.
3. Changement de cap
Quelques mois plus tard, un sentiment de culpabilité a émergé : mon travail était-il aligné avec mes nouvelles convictions ? Concevoir des intérieurs est utile, mais pouvais-je aller plus loin ? En tant qu’architecte d’intérieur, je sélectionne des matériaux, du mobilier, des artisans. Chacun de ces choix a un impact, positif ou négatif.
C’est en 2020-2021 que j’ai découvert Nina Chardin et son blog My Green Cocoon, dédié à la décoration éco-responsable. Quand elle a lancé sa formation, je n’ai pas hésité : c’était l’investissement idéal. Le contenu était dense et passionnant, et j’ai pris le temps de le compléter en parallèle de mes projets.
J’ai vu l’évolution du travail de Nina jusqu’à la création de l’EDID (École du Design Intérieur Durable) et des DID Clubs en France, visant à fédérer une communauté engagée. En 2024, une refonte de la formation a eu lieu, et j’ai décidé de me reformer en décembre. Désormais, la formation va de la création d’entreprise à la gestion de projet, en passant par le choix des matériaux.
4. Aujourd'hui
J’ai réussi l’examen et suis officiellement alumni de l’EDID ! Et depuis septembre 2024, j'ai l'honneur d'être ambassadrice du DID CLUB Finistère Sud.
Avec l’inflation, la gestion d’entreprise et l’auto-rénovation de notre maison, nous ne sommes plus aussi irréprochables dans notre consommation qu’avant. Je ne fais plus mon compost ni mon liquide vaisselle maison... mais je reste alignée avec mes valeurs.
Je privilégie la transparence et la bienveillance, je sélectionne mes projets avec soin pour offrir des intérieurs à la fois esthétiques, fonctionnels et responsables. Mon rôle est d’accompagner mes clients vers des choix éclairés, adaptés à leur budget, leurs goûts et leurs besoins, sans dogmatisme ni culpabilisation. L’important est d’agir en pleine conscience et de faire, à son échelle, les meilleurs choix possibles.
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